Julie Larrouy travaille essentiellement le collage à l’aide de publicités et de photos qu’elle prend elle-même. Son travail artistique pour Friche, intitulé « RAW », est une performance située au carrefour de la photographie, du collage et d’un travail quasi sculptural de la matière. L’image du mur, collée, arrachée, rephotographiée, recollée, ré-arrachée et ainsi de suite durant toute la durée de la résidence, prouve une fois de plus que la destruction est un procédé artistique d’une grande efficacité, produisant ici une œuvre auto-régénératrice, portant dans sa version finale l’empreinte du travail de l’artiste et toute son évolution.
Julie Larrouy nous livre une réflexion sur ce qu’est la vision. Elle nous expose sa création mais interpelle sur le processus : nous ne pouvons pas tout voir, nous sommes aussi spectateurs de ce qui nous échappe. C’est l’image d’un geste, image qui témoigne à la fois du pouvoir et de l’impouvoir de son auteur . Ce geste est marqué par la présence-absence de son créateur : nous pouvons voir les traces, mais le geste s’est retiré. Une image performative qui se réinvente en permanence avec le réel.»
texte de Bertrand Gevaert pour Karoo(Plateforme/magazine de critiques et de créations culturelles), 2015